Bruitage
Par Noé LIÉGEOIS(mai 2023)
Si l'on s'en réfère à Wikipédia, au cinéma le bruitage est une technique qui consiste à créer et ajouter des éléments sonores, autres que la musique et les voix, à la bande son d’un film. Il peut s’agir du son d’une cloche, du bruit de pas sur la neige, du vent dans les arbres, etc. Les personnages d’un film produisent du bruit en permanence même lorsqu’ils effectuent des gestes anodins, et ces bruits ne sont généralement pas enregistrés en même temps que l’image. C’est le travail de « bruiteurs » d’enregistrer tous ces sons, parfois en allant les chercher dans la nature mais souvent en les recréant de manière artificielle à l’aide d’objets diverses et de beaucoup de créativité, il pourra par exemple taper dans ses mains avec une boule de chiffon pour imiter des pas dans la neige ou encore taper avec ses doigts sur un ballon de baudruche pour simuler le crépitement d’un feu d’artifice. Il existe différentes écoles de bruitages, aux États-Unis les bruiteurs enregistrent de nombreux sons en studio pour en faire une banque et les synchronisent plus tard au film. En France on préférera enregistrer les sons directement avec les images.
Selon l’essayiste Français Michel Chion, l’intégration de bruitages peut avoir deux dimensions, la première étant de donner de la vraisemblance aux images et la seconde étant symbolique. En effet en imitant des sons réels le bruitage participe à l’immersion du spectateur, il renvoie celui-ci à quelque chose de familier ou du moins qui semble en accord avec les images qui lui sont montrés par le réalisateur, augmentant alors la crédibilité de ces images, lui donnant encore plus la sensation « d’y-être », de vraisemblance. De ce point de vue, nous pouvons dire qu’un bon bruitage est un bruitage qui ne se remarque pas, qui semble avoir été enregistré exactement au même moment que l’action. Dans le cinéma de l’éducation cela est parfaitement illustré par le film Entre les murs de Laurent Cantet, dans ce film suivant un professeur de français dans un collège difficile, le bruitage est utilisé de manière très efficace pour immerger le spectateur dans l’atmosphère de désordre qui règne dans la classe, ce par l’utilisation de sons de bavardages, de rires et de cris d’adolescents. L’objectif n’est pas ici pour Laurent Cantet d’exagérer cet atmosphère mais de la faire ressentir au spectateur de manière réaliste et crédible.
La deuxième dimension du bruitage serait une dimension plus symbolique, qui ne cherche pas à retranscrire parfaitement la réalité mais à charger une scène d’un sens particulier ou à accentuer un effet. Pour cela le réalisateur peut choisir de mettre en valeur certains bruits plus que d’autres ou tout simplement ajouter des bruits qui ne sont pas supposés pouvoir être entendus d’un point de vue réaliste. Dans de nombreux films est par exemple mis en valeur le « tic-tac » d’une horloge au point que ce bruit s’entende plus que n’importe quel autre, et ce pour accentuer l’impression d’urgence ou pour symboliser une tension devenant de plus en plus forte. Dans le cinéma de l’éducation on peut prendre comme exemple Les Choristes (Barratier, 2004). Dans ce film où l’on suit un professeur de musique dans un internat, une scène représente les élèves découvrant leurs capacités pour le chant, le réalisateur va mélanger aux chants des sons de respirations et de battements de cœur, pour représenter l’enthousiasme des élèves. Dans le film Confessions (2010) de Tetsuya Nakashima certaines scènes de classe sont accompagnées d’une cacophonie de voix, de bruits de téléphones, d’applaudissements, de pensées. Le trop grand nombre de bruits et la façon dont ils sont mixés (avec tous à peu près la même intensité) ne semble pas renvoyer à quelque chose de réel mais permet de symboliser le grand manque d’attention des élèves pour le discours pourtant important de leur professeure.
Le bruitage est ainsi tout comme l’image une technique permettant de retranscrire de manière réaliste une action mais sur laquelle le réalisateur peut également jouer pour charger une scène d’un sens particulier, d’une intention et d’une motivation émotionnelle accentuées. Dans le cinéma de l’éducation, où sont souvent mis en scène des groupes d’enfant, beaucoup de réalisateurs aiment utiliser le bruitage pour exprimer l’énergie générale du groupe, et ce, en mélangeant les différents bruits produits par les élèves présents.
Filmographie
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Nakashima, T. (Réalisateur). (2010). Confessions [Film], Tokyo Theatres Company.
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Cantet, L (Réalisateur). (2008). Entre les murs [Film], Haut et court.
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Barratier, C (Réalisateur). (2004). Les Choristes [Film], Pathé Renn Productions.
Références bibliographiques
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Chion, M. (1987). La voix au cinéma. Cahiers du cinéma.
Entre les murs (Laurent Cantet, 2008)
Les choristes (Christophe Barratier, 2004)
Ressources didactiques pour voir, comprendre .... échanger et agir !
L'arrivée du parlant, Chain Youtube Le fossoeyur de films par François Theurel
The Magic of Making Sound, 2017
Les bruitages au cinéma ( , date)
Les coulisses des bruits au cinéma ( , date)