Vocation

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Une vocation est une forte attirance ou inclination pour quelque chose. Étymologiquement, ce mot vient du latin vocare, appeler, et était à l’origine utilisé dans un contexte religieux, une personne pouvait se sentir appelée par Dieu et décider de mener sa vie de façon à satisfaire cet appel, considéré alors comme une vocation . Par-delà sa signification religieuse, ce mot peut être utilisé plus largement pour évoquer un penchant fort pour une profession par exemple. Une vocation peut aussi être une disposition ou un talent.

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La vocation : « C’est plus fort que moi » 

 

Selon le sociologue français Bernard Lahire la vocation correspond à « un penchant ou à une disposition qui anime la personne indépendamment de sa volonté et qui n’est aucunement le produit d’un choix délibéré» (2018). Pour Lahire c’est « le caractère involontaire et intérieur» ainsi qu’une « correspondance parfaite ou l’adéquation totale entre la personne et l’activité, le métier ou la fonction» qui nous permettent de questionner si la vocation correspond à l’idée d « être fait pour ça» ou d'avoir été fait pour ça». Selon lui, une « transmission culturelle» s’effectue dans la durée et  « un processus diffus, implicite et plus souvent inconscient de socialisation» qui amène les individu.es à ressentir un sentiment vocationnel. Dès lors, la transmission culturelle devient plus effective que l'imitation directe dans le processus vocationnel. 

Judith Schlanger et Agora Pocket (2020) s’attachent à l’évolution de la conception du terme « vocation » et démontrent qu’aujourd’hui les individu.es ne sont plus amenés à passer l’entièreté de leur carrière professionnelle dans le même emploi, ce qui change la place donnée à la vocation ainsi que l’ampleur que cette dernière pourrait prendre.

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La vocation enseignante

 

De nombreux chercheurs s’accordent à considérer le XIXème siècle comme témoin de l’apparition de la professionnalisation enseignante en France. On parle alors de « vocation républicaine enseignante », l’idée majeure est alors de transmettre les valeurs de la République, comme le montre Christophe Danvers, après la promulgation des lois Ferry (1881-1882), apparaît en France la figure des hussards de la République (appelés ainsi du fait de leur uniforme), des enseignants très respectés socialement, pour le dévouement envers la République. On parle alors de « vocation républicaine enseignante», l’idée majeure est alors de transmettre les valeurs de la République ( Danvers, 2019).

 

Des hussards noir de la république au professeur.e des écoles, les pédagogies et les missions de l’enseignant.e ont fait évoluer le métier et sans doute aussi les vocations.

 

Aujourd’hui, le métier d’enseignant est perçu par certains comme  une « vocation malmenée » et se déploie la notion de « désenchantement de la profession enseignante » (Sandrine Garcia, 2023),  en analogie au concept de « désenchantement du monde » tel que Max Weber qualifiait la modernité. Sandrine Garcia montre que les exigences d’entrée dans le métier sont grandissantes et cela laisse place à un paradoxe (le métier d’enseignant.e est une promotion sociale pour les élèves des classes populaires, mais c’est un signe de déclassement pour les élèves des classes supérieures (2023). 

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La vocation enseignante dans le cinéma de l’éducation : 

 

Bien que le métier d’enseignant.e ne soit pas valorisé de manière égale de par le monde, de nombreux films du monde entier rendent hommage aux professeur•e•s avec une vocation. La vocation enseignante est un topique universel qui semble traverser le cinéma de tous les lieux et de tous les temps.

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Aux États-Unis, le film Detachment (Tony Kaye, 2011), dépeint l’histoire de Henry Barthes, un professeur de littérature remplaçant dans un environnement violent avec des élèves irrespectueux. En réponse, il fait preuve de beaucoup de détachement, un détachement qui lui permet de préserver une “conscience de soi” pour dépasser les provocations subies. Malgré les difficultés du métier auxquelles il doit faire face, des difficultés que de nombreux professeurs rencontrent dans leurs quotidiens et qui ne sont pas toujours considérées dans notre société, il n’abandonne pas sa vocation. Ce film montre les difficultés du métier, prouvant que la vocation est ce qui permet au personnage principal de rester dans le métier malgré tout.

 

En Argentine, le film La patota [Paulina] (2015) de Santiago Mitre, retrace l’histoire d’une jeune avocate brillante qui décide de se consacrer à l’enseignement, dans une région lésée de l’Argentine. Elle abandonne pour cela des études et une brillante carrière dans la magistrature. Malgré l'incompréhension de sa famille et les difficultés qu’elle rencontre, Paulina reste déterminée et continue « de rester fidèle à son idéal social » qui nourrit sa vocation. Entre viol et vocation, la réponse de Mitre au film homonyme de Daniel Thinayre est un remake dans une version plus laïque mais non moins sacrificielle, et troublante, de la femme désirant incarner ce métier.

 

En France, Thomas Lilti  suit un groupe d'enseignant.es passionné.es dans son film Un métier sérieux (2023). Ensemble, ils dépassent les difficultés et transmettent leur passion de l’enseignement malgré la fragilisation de l’institution au travers de leurs vocations qui s’exprime en tant que dévouement. La passion et la vocation leur donnent le courage et la force de faire face à la réalité, parfois très difficile, mais réelle, du métier d’enseignant.

 

L’appel cinématographique à la représentation de vocations éducatives ou enseignantes, correspond à des exigences sociétales, avec des thématiques communes de souche monothéiste (le sacrifice, la dévotion) et d’autres sans doute plus « situées » dans des contextes politiques locaux (la défense du droit à l’avortement, la valorisation de métiers dépréciés financièrement sur le marché du travail…)