Test de Bechdel-Wallace
​Proposé par Alice C. (mai 2022)
Allison Bechdel in Brussels to promote her new autobibgoraphical book Fun Home in the comic Store Brüssel
Photo taken by Tineke on flickr
[Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 2.0 Générique (CC BY-NC 2.0)]
Allison Bechdel par Alison Bechdel
Photo de Tipton plimsoll (16 décembre 2013) sur flickr
Alison Bechdel (10 septembre 1960) est une autrice de bande-dessinées états-unienne. Féministe et lesbienne, elle est connue pour sa série Dykes To Watch Out For [Les gouines à suivre], publiée dans la revue féministe new-yorkaise Womanews. Une de ses planches, intitulée The Rule (La règle) expose un « test » permettant de mesurer la représentation féminine dans un film, test repris ensuite sous le nom de "Test de Bechdel". L’autrice a ensuite affirmé que l’idée n’était pas la sienne, puisqu’elle était tirée d’une discussion avec son amie Liz Wallace, qui elle-même avait été inspirée par Une chambre à soi de Virginia Woolf.
Selon ce test, un film réussissant ce test doit remplir trois critères :
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Il doit y avoir au moins deux femmes dans le film, (on voit souvent qu’elles doivent être identifiables par leur nom, ce qui a été ajouté par la suite),
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Ces deux femmes doivent se parler,
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Elles doivent se parler d’autre chose que d’hommes.
Ces critères ont été largement repris par la suite, permettant de remarquer que de nombreux films ne réunissent pas ces critères. Le but est de souligner le manque d’approfondissement des personnages féminins dans les films.
Selon les années et la manière de calculer, le pourcentage de films échouant au test se situe entre 25% et 50%.
Si le test est aujourd’hui beaucoup employé, il est parfois interprété pour savoir si un film est féministe. Dans ce cas, il semblerait partiellement défaillant au moins car des femmes peuvent se parler de manière très stéréotypée sans parler d’hommes, comme cela se produit dans Twilight, de Catherine Hardwicke,
Ce test peut toutefois être utilisé pour avoir une idée de la place de la représentation des femmes dans un film, sans pour autant être nécessairement un indicateur de la qualité de leur représentation ou de la misogynie du film, comme nous pourrions l'observer dans Cendrillon de Walt Disney, sorti en 1950 : les femmes parlent entre elles, essentiellement de tâches ménagères, ou en étant perfides entre elles. Il passe donc le test, alors que Gravity, d’ Alfonso Cuarón, ne le passe pas, bien que le personnage principal soit une femme, forte, à un poste traditionnellement masculin, et que le film ne contienne pas de stéréotype genré.
Par ailleurs, certains films passent le test grâce à un unique dialogue entre deux femmes, comme c’est le cas du film Twilight mentionné plus haut, lorsque d’autres ne comprennent que des personnages féminins, tel que Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019), réussissent à passer le test.
Enfin, certains films ne représentent pas les femmes et n'ont pas vocation à le faire, car l’histoire ne s’y prête pas, comme c’est le cas de Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré (2018), qui raconte une histoire d’amour entre un étudiant et un écrivain, en 1990, en plein cœur de l’épidémie de sida. Si des femmes sont nommées, elles ne se parlent jamais.
En bref, ce test est un point d’attention important, pour les spectateur.ice.s comme pour les réalisateur.ice.s mais n’a pas vocation à proposer une analyse détaillée ou infaillible de la représentation des femmes dans un film, tant sur le fond comme dans la forme.
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Références filmographiques
Cuarón, A. (2013). Gravity [Film]. Heyday Films, Esperanto Filmoj.
Honoré, C. (2018). Plaire, aimer et courir vite [Film]. Les Films Pelléas.
Sciama, C. (2019). Portrait de la jeune fille en feu [Film]. Lilies Films.
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Références bibliographiques
Breda, H. (2017). La critique féministe profane en ligne de films et de séries télévisées. Réseaux, n° 201(1), 87‑114.
Brey, I. (2021). Le Regard féminin. Une révolution à l’écran. Points.
Mulvey, L. (1975). Visual Pleasure and Narrative Cinema. Screen, 16(3), 6‑18.
O’Meara, J. (2016). What “The Bechdel Test” doesn’t tell us : examining women’s verbal and vocal (dis)empowerment in cinema. Feminist Media Studies, 16(6), 1120‑1123.
Woolf, V., & Sas, A. M. (2021). Une chambre à soi (traduit) (French Edition). anna ruggieri.
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Riva Lehrer
Par Alison Bechdel
Tacoma Art Museum
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Photo by Ingrid Richter (23 avril 2017) on flickr
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A l'inverse de ce que montre parfois le test de Bechdel, l'autoportrait dans le travail artistique de Bechdel construit des liens sororaux et une filiation féministe.
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