Effet Kouleshov

Lev Vladimirovitch Kuleshov, né le 1er janvier 1899 dans l’Empire Russe et mort le 30 mars 1970 dans l'URSS était un cinéaste et théoricien du cinéma soviétique. Connu comme l’un des premiers théoriciens du cinéma ainsi qu’un des fondateurs du cinéma soviétique, son nom est immortalisé par l’un des phénomènes que ses expériences cinématographiques lui ont permis d’articuler: L’effet Kuleshov.

 

L’effet Kuleshov a été conceptualisé à l’ère du cinéma muet, par un cinéaste soviétique qui concevait le cinéma comme un montage. Selon lui, le contenu des plans n’était pas aussi important que le lien et les transitions entre eux, ainsi que l’effet symbolique et sémantique de ses transitions entre les plans. Autrement dit, le sens se pensait véhiculé non par des plans individuels, mais par le montage de ces plans entre eux.

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Cet effet fût découvert suite à une série d'expériences menées par Kuleshov dans les années 1910 et 1920. La plus célèbre fut son expérience avec l’acteur russe Ivan Mosjoukine avec qui il réalisa trois montages.

Dans le premier, l’audience voit des plans de Mosjoukine, affichant une expression neutre, entrecoupés d’un plan d’une soupe. Dans le second, l’audience voit les mêmes plans de Mosjoukine, mais entrecoupés d’un plan d’une enfant, morte, dans un cercueil. Dans le dernier montage, nous voyons encore une fois les mêmes plans de Mosjoukine, mais cette fois-ci entrecoupés de l’image d’une belle femme se languissant sur un canapé. Après chaque expérience, l’audience réagit de manière différente, attribuant un sens différent au visage neutre de l’acteur. Devant la soupe, Mosjoukine a l’air d’avoir faim. Devant le cercueil, il a l’air d’être triste. Devant la femme, on voit le désir sur son visage.Cette expérience souligne donc l'efficacité et l’importance qu’à le montage comme pourvoyeur de sens.

 

D’autres exemples peuvent être trouvés dans de nombreux films de l’époque. Le Cuirassé Potemkine (1925) de Sergueï Eisenstein, fait usage de gros plans de visages entrecoupés de scènes de violences et de morts pour accentuer l'impact émotionnel créé. L’une des scènes les plus mémorables du flms, “L’escalier d’Odessa”, montre des soldats tsaristes abattant une foule de civils, et utilise un montage de plans rapprochés d’un garçon tué par les balles puis écrasé par la foule. Ce plan est entrecoupé de gros plans de sa mère, terrifiée, pour rendre pleinement visible la cruauté dans la dramatisation du pathos de la scène.

 

Un siècle s’est écoulé depuis la formulation de ce phénomène, et le monde du cinéma a fortement évolué. Le son a ajouté une nouvelle dimension, créant un effet Kuleshov auditif. L'expérience originale, ses résultats et leur interprétation ont aussi étés remis en question par des chercheurs tels que Stephen Prince et Wayne E.Hensley. Néanmoins, l’usage de l’effet dans des films tels que Les Oiseaux (année) d Alfred Hitchcock, Le Silence des agneaux (année) de Ted Tally, et même le film Pixar Vice-Versa (année) montre qu’il est devenu un des outils fondamentaux du cinéma.