Travelling
​Proposé par Julie DAVAL (mai 2023)
Références filmographiques :
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Truffaut, F. (Réalisateur). (1951). Les 400 coups. SEDIF Productions.
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Dhont, L. (Réalisateur). (2022). Close. Menuet Producties.
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Dolan, X. (Réalisateur). (2014). Mommy. Metafilms.
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Références bibliographiques
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Journot, M-T. (2004). Le vocabulaire du cinéma. Armand Colin.
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Rousset-Rouard, Y. (2018). Les 100 mots du cinéma. Presse Universitaire de France.
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Siety, E. (2001). Le plan au commencement du cinéma. Les petits cahiers.
Travelling latéral dans Les 400 coups (Truffaut, 1959)
Lors d’une réalisation cinématographique, plusieurs techniques sont utilisées pour servir la narration et ses intentions. Le mouvement de la caméra conduit le regard et amène une signification particulière. Il dirige ou écarte l’attention du spectateur pour une réception anticipée du visible. L’on distingue parmi les mouvements de caméras, deux mouvements en particulier : le travelling et le panoramique.
Le travelling constitue « un déplacement de la caméra au cours de la prise de vue dans l’espace » (référence ?). L’utilisation principale est de suivre un sujet parallèlement à son mouvement ou de s’en éloigner, s’en rapprocher, le contourner pour révéler de lui de nouveaux aspects. Ce procédé est réalisé à l’aide de moyens divers comme un chariot sur rail, une grue mobile, une Dolly (petite voiture).
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On différencie plusieurs types de travelling (avant, arrière, latéral, vertical ou circulaire) adoptés par le cinéaste afin de créer l’effet qu’il souhaite faire ressentir au spectateur (donnez quelques exemples ici aussi : abandon, rapprochement) et l’intention (humoristique, dramatique).
Le travelling avant est un mouvement de la caméra se rapprochant progressivement du sujet afin de créer plusieurs effets possibles. Il peut accentuer une émotion, indiquer au spectateur que le personnage s’émeut, à une idée, comprend un rebondissement etc. Il a une valeur dramatique forte et peut créer des scènes de tension ou de suspens. D’autre part il peut dévoiler un nouvel espace ou révéler un détail comme si le public s’avançait lui-même dans le décor.
Le travelling arrière est le mouvement inverse. La caméra s’éloigne du sujet et donne au spectateur le sentiment qu’il se retire de la scène, se détache du personnage, créer une distance émotionnelle. Le champs de vision va s’élargir permettant de découvrir de nouveau éléments de décor.
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Le travelling latéral suit un personnage ou une voiture parallèlement à son déplacement. Le mouvement adopte généralement la même vitesse que le sujet pour que le spectateur sente le rythme de l’action et s’identifie à sa cadence ?
Le travelling vertical est un déplacement de la caméra vers le haut ou le bas. Il permet de d’introduire progressivement un personnage, un lieu ou une action.
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Le travelling circulaire consiste en un mouvement à 360° de la caméra autour du protagoniste ou de l’action. Il permet d’ajouter du dynamisme à la scène, de créer de l’effervescence. A l’inverse, il peut créer une sensation de malaise, de perte de repère ou d’emportement dans la folie. Le mouvement peut être rapide ou lent selon les souhaits du cinéaste.
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La technique du travelling revient dans de nombreux films portant sur l’éducation. Par exemple dans l’œuvre de François Truffaut, Les 400 coups (date), la scène finale où Antoine Doinel court le long d’une route de campagne suite à son évasion, est l’exemple parfait d’un travelling latéral. La caméra accompagne les foulés d’Antoine en fugue, donnant une résonance sonore mouillée au pas réguliers de l’acteur. Cette scène d’une grande fluidité et régularité est particulièrement longue (temps ?). Antoine court au centre du cadre, sans que l’on sache quand se terminera cette longue course le conduisant à la mer à charge de revanche d’une mère homonyme l’ayant abandonné. Emmanuel Siety explique dans son analyse de la scène :
« L’enfant est filmé de profil ou de trois-quarts face, son regard toujours braqué vers le bord droit du cadre. En filmant ainsi, Truffaut lui refuse l’horizon. L’espace est conquis foulée après foulée, mètre par mètre, il brule sous ses semelles, mais il n’est jamais en avant de lui. En le filmant de profil, en le maintenant au centre du cadre, Truffaut enferme son personnage dans le présent, entre passé déjà évanoui et un futur toujours repoussé au-delà du cadre » (référence,).
Ce constat nous permet de penser que le travelling est un trait d’union ente deux temporalités que le cinéma de l’éducation exploite à satiété. Dans une interview pour le magazine Vanity Fair, Le réalisateur Lukas Dhont s’exprime sur son inspiration de la scène de travelling dans Les 400 coups pour la scène d’ouverture de son film Close (2022). Dans cette scène nous rencontrons les deux protagonistes Léo et Rémi qui jouent ensemble puis courent à travers les champs de fleurs. Cette scène réalisé grâce à un travelling latéral transpire la liberté et la jeunesse grrâce au point de vue que donne le travelling latéral comme dans Truffaut.
Enfin de remarquables scènes de travelling sont visibles tout au long du film canadien Mommy (Xavier Dolan, 2014). Notamment la scène ou Steve se déplace en skate ou joue avec un caddie. Par un mélange entre travelling latéral et circulaire, le spectateur est plongé dans l’action et suit Steve dans sa quête de liberté et sa folie.
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L’on peut donc considérer que le cinéma de l’éducation s’empare du travelling avec une certaine fréquence et des objectifs variés selon les sous-thématiques et intentions traitées.