Pédagogie positive

Par Maëly DECARRO et

Kimberly MASSICOTTE (janvier 2024)

Le mot pédagogie est apparu en 1495 (Le Robert), et ce n’est qu’ en 1762 qu’il est admis par l’Académie française. D’un point de vue étymologique, le mot « pédagogie » vient du grec paidagôgía, qui provient lui-même de paidόs qui signifie « enfant » et de ágô qui signifie « conduire, mener, accompagner, élever ». Toujours selon Le Robert, la pédagogie est « la science de l’éducation des enfants et une méthode d’enseignement ».

Durant l’Antiquité, le pédagogue (du grec paidagôgikos, « qui conduit les enfants » ), ne servait pas d’adjectif, mais était un nom désignant « l’esclave qui accompagnait l’enfant à l’école, portait ses affaires, mais aussi lui faisait réciter ses leçons et faire ses devoirs » (Rey). Aujourd’hui le pédagogue est un nom et un adjectif qui pour le premier désigne « une personne qui a le sens de l’enseignement », et pour le second, « spécialiste de la pédagogie » (le Robert Illustré, 2023). Ainsi, la pédagogie désigne aujourd’hui l’art d’enseigner.

Franc Morandi et René La Borderie précisent que « le pédagogue est plus près de la veille et du soin de l’enfant que de l’instruction, puisque la paideia était conçue comme le rapport d’un jeune esprit à un aîné, guide et initiateur, sans véritable programme d’enseignement » (2006, p.99). La pédagogie traite des choix méthodiques du maître ou de l’éducateur, des conditions d’acquisition des savoirs et des compétences, des besoins des élèves et du fonctionnement du groupe. Elle consiste à mettre en rapport deux organisations mentales et leurs processus cognitifs respectifs, celle du ou de la professeur•e et celle de l’élève. Le ou la pédagogue conduit des activités dans un système pédagogique organisé en assurant les conditions des apprentissages scolaires  (Morandi, F. & La Borderie, R., 2006, p.304).

Ainsi, la pédagogie positive est devenue une approche éducative qui s’appuie principalement sur des comportements considérés “positifs”, c'est-à-dire sur une communication ouverte et un accompagnement bienveillant et encourageant, afin de créer un environnement optimal au développement global de l’apprenant. Elle se veut stimulante et positive, et remet les émotions au centre de l’apprentissage (Rosenberg, M. B., Cesotti, A., Secretan, C., & Baut-Carlier, F.; 2016). Il ne s’agit pas d’une méthode éducative car “la méthode est centrée sur une démarche à suivre définie par des directives prédéfinies; une suite linéaire d’actions". Il s’agit d’une approche qui propose un cadre théorique spécifique pour interroger une situation selon un point de vue défini et en dégager une nouvelle compréhension”.

Selon Akoun et Pailleau, les grands piliers de la pédagogie positive sont les suivants: la communication, la confiance en soi, la coopération, l’encouragement, la bienveillance et l’attention aux besoins et aux émotions (2015). 

La pédagogie positive cherche à valoriser les aspects positifs  et les apprentissages de l’enfant, là où les pédagogies traditionnelles se concentrent sur les erreurs ou les comportements négatifs avec des méthodes parfois cruelles et souvent humiliantes. Plutôt que de se concentrer sur la sanction, la pédagogie positive encourage à enseigner et à guider les enfants vers des comportements positifs en utilisant des méthodes non punitives.

Dans le cadre de la pédagogie positive, apprendre passe par la tête, le cœur et le corps (Akoun, 2015). C’est l’approche du professeur de littérature anglaise qui nous est présentée dans Dead Poets Society [Le Cercle des Poètes Disparus] (Peter Weir, 1989) où un professeur de littérature anglaise invite les élèves à monter sur son bureau, , durant l’un de ses cours, pour observer les choses sous un autre angle. Il ne se contente pas de dire ce qu’il y voit mais pousse ses élèves à expérimenter par eux-même. 

En résumé, la pédagogie positive cherche à créer un environnement éducatif qui favorise le bien-être émotionnel, social et intellectuel de l'enfant tout en encourageant des comportements positifs. Elle s'applique souvent non seulement dans le contexte scolaire, mais aussi dans le cadre familial. Cette approche a gagné en popularité en raison de son impact positif sur le développement des enfants et des implications bénéfiques à long terme de cette approche.

​

Au cinéma, cette pédagogie positive est représentée à travers différents portraits d'enseignants. En France, L’école de la vie (Fabienne Larouche, 2021) est une série dramatique, qui suit une enseignante qui met l’empathie au service de ses élèves. A chaque épisode une nouvelle problématique survient, mais la professeure ne s’égare jamais de ses valeurs bienveillantes pour faire face aux situations.

Aux Etats-Unis, Freedom Writers (Richard LaGravenese, 2007) s'inspire d’une histoire vraie pour mettre en scène les méthodes peu conventionnelles d’une enseignante qui tente d’ inspirer et de motiver des élèves défavorisés dans l’esprit d’une pédagogie positive.

​

En Argentine, dans le film El suplente (Diego Lerman, 2022), l’on trouve une séquence [ 59’.20” - 60’.01’] qui témoigne de l’attention portée aux  émotions des élèves et de la bienveillance dont fait preuve un professeur de littérature, intervenant au titre de remplaçant. Grâce à cette pédagogie, ce dernier arrive à calmer sa classe et à la rendre plus à l’écoute.

Enfin, dans le film Entre les murs (Laurent Cantet, 2008) adapté du livre homonyme, un professeur fait face à une classe réfractaire à l’apprentissage, dans un collège (anciennement qualifié de Zone d’Education Prioritaire). Tout au long du film, le lecteur voit les personnages évoluer vers un but commun, grâce à la bienveillance, la communication, l’empathie, et l'entraide.

La pédagogie positive apparaît dans de nombreuses œuvres fictives. Cependant, l’objectif n’est pas toujours le même. Il permet parfois, de dénoncer, d'instruire ou de remettre en question un système traditionnel qui nécessite d’être actualisé.