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Posture de
l'enseignant•e

Par Moneeza RAMZAM (mai 2023)

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Il existe une diversité de posture adoptées par les enseignants dans leurs cours. Selon Dominique Bucheton, une posture est “une manière à la fois cognitive et langagière de s’emparer d’une tâche (éduscol, mars 2016,1)” En fonction des obstacles et des difficultés, qui se présentent tant du point de vue des élèves que des savoirs, l’enseignant s’en empare de façon différente. L’enseignant, et les élèves, vont modifier leur propre posture face à celle de l’enseignant.

 

De ce fait, la posture est quelque chose de préconçu par l’enseignant, elle n’est pas adoptée de manière aléatoire mais elle peut évoluer en fonction du contexte, de l’objet et de la situation car elle s’intègre dans un échange entre les corps en présence. C’est ce que nous dit Dominique Bucheton : « un multi-agenda de préoccupations enchâssées, définit la posture comme une structure pré-construite (schème) du « penser-dire-faire » (2009, 38).

Les postures adoptées par l'enseignant, vont avoir un effet sur les apprentissages des élèves car susceptibles de dynamiser la classe. On remarque l’innovation de la posture de l'enseignant, par une rupture avec les normes de l'enseignement lorsque, par exemple, un enseignant se rend présent et au service des élèves plus que des attentes de l’institution.

 

Le cinéma nous amène à voir plusieurs types de postures de l’enseignant :

1-La posture coopérative ou d'accompagnement (inclinaison, regard, intérêt pour l’élève).

L’enseignant va être amené à apporter une aide individuelle ou collective en fonction de la situation. On peut faire référence au film : Écrire pour exister (Lagravenese, 2007). L’enseignante va jouer un rôle déterminant et influencer les élèves. Elle va adopter une posture d’accompagnement et essayer de comprendre ses élèves. 

2-La posture du maître instructeur ou contrôleur autoritaire dans laquelle l’enseignant•e vérifie si l'élève transmet correctement son savoir, génère de la peur de l’élève et un rapport de domination tel que cela se perçoit dans Les Choristes (Christophe Barratier, 2004). Dans ce film, des enfants sont soumis à l’autoritarisme excessif du directeur Rachin dans un internat. Dans Les Quatre cents Coups (François Truffaut, 1959), un instituteur caractériel et autoritaire agit de façon injuste envers ses élèves. 

3- La posture de l'entraîneur ou d’enseignement (technologie éducative, corrigé type). Il formule et structure les savoirs, les normes et met en avant une démonstration. On la retrouve dans le film mexicain Tesoros (Novaro, 2017).

4- La posture du conseiller  (accueil l'erreur, fait confronter les procédures, observer) apparait dans une scène de réconciliation entre deux élèves dans Premio (Markovitch, 2011)

5- La posture de lâcher-prise (l’enseignant donne aux élèves la responsabilité de leur travail et l’autorisation à expérimenter les chemins qu’ils choisissent). Les tâches données (fréquemment des fichiers) sont telles qu’ils peuvent aisément les résoudre seuls. On peut citer le film Les Héritiers (Marie-Castille Mention-Schaar, 2014), dans lequel la professeure d’histoire géographie Madame Gueguen fait participer les élèves à un concours national de la Résistance et de la déportation. Elle leur donne envie d’y participer et de faire des recherches chacun de leur côté. 

6- La posture de magicien qui consiste à ce que l’enseignant, par des jeux, des gestes théâtraux, des récits frappants, capte l’attention des élèves. L’esquive (Abdellatif Kechiche, 2003) dans représente la figure d’une enseignante passionnée qui souhaite monter une pièce de théâtre avec ses élèves. 

7- La posture de l’enseignant actif, qui n’hésite pas à donner une réponse aux élèves, dans le film Écrire entre les murs (Laurent Cantet, 2008) le professeur de français François pousse les élèves à leurs limites afin de les motiver, mais il prend le risque de tomber dans l’excès. 

 

Chaque posture est empreinte de gestes professionnels, c’est-à-dire de communication verbale et non verbale  propre à chaque enseignant•e (attentive, à l'écoute, regardant, punitif, etc….). Les élèves ne sont pas sensibles à un geste spécifique mais bien à une posture d’enseignant. En effet, la posture est cette concaténation, constituée d’un ensemble de plusieurs gestes, qui permettent d’intervenir dans une situation. 

 

Dans la représentation cinématographique de l’école, l’on remarque une évolution et une diversité de postures d’enseignants qui tend à aller vers une posture plus humaniste, proche émotionnellement des élèves. La représentation de ces postures ne se fait pas juste parce que l’école au cinéma est devenu une “success story” (Derobertmasure, Demeuse & Bocquillon, 2020, p. 15) mais bien parce que le cinéma n’est que l’un des médias qui s'intéresse à la représentation de l’enseignant (Delbart 2020, p. 211).

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Le cinéma s’empare souvent d’effets classiques pour photographier et immortaliser la posture selon qu’elle soit punitive ou bienveillante, haineuse ou aimante, rétrograde ou émancipatrice  (gros-plans, plan-rapprochés, plan en plongé ou contre-plongé).

Filmographie
  • Richard Lagravenese (Réalisateur). (2007). Écrire pour exister [Film]. Danny DeVito. Stacey Sher. Michael Shamberg.

  • Marie-Castille Mention Schaar (Réalisatrice). (2014). Les héritiers [Film]. Pierre Kubel. Pascal Ralite. 

  • Christophe Barratier (Réalisateur). (2004). Les Choristes [Film]. Jacques Perrin. Nicolas Mauvernay.

  • Laurent Cantet (Réalisateur). (2008). Écrire entre les murs [Film]. Laurent Cantet 

  • François Truffaut (Réalisateur).(1959). Les quatre cent coups [Film]. Georges Charlot. 

  • Abdellatif Kechiche (Réalisateur). (2003). L’esquive [Film]. Jacques Ouaniche.

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férences bibliographiques 

Les postures enseignantes

par Dominique Bucheton (22 janvier 2022)

Posture enseignante: L'enseignant bricoleur et braconnier (24 juin 2022)

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Intervention de Hélène Crocé-Spinelli :"Perspectives sur la posture de l’enseignant"

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