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Multiculturalisme

Par Orane LOPES (mai 2023)

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Le multiculturalisme possède trois définitions (Larousse, 1938). La première recouvre la coexistence de plusieurs cultures, souvent encouragée par une politique volontariste. La deuxième est la volonté d'accorder aux minorités culturelles la reconnaissance de droits particuliers. Enfin, il s'agit également d'un courant de pensée américain qui remet en cause l'hégémonie culturelle des couches blanches dirigeantes à l'égard des minorités (ethniques, culturelles, etc) et plaide en faveur d'une pleine reconnaissance de ces dernières.

Le multiculturalisme est un concept qui touche plusieurs sphères de la société: politiques, sociales, économiques, culturelles et il est devenu une véritable réponse sociale qui se traduit par des politiques anti-discriminatoires, inclusives, promouvant la diversité culturelle, le vivre-ensemble et une égale représentation des minorités. Aujourd'hui, le sens de ce mot varie selon les auteurs, la discipline académique, l'école de pensée et le pays (Martiniello, 2011). Certains critiques parmi les plus influents du multiculturalisme considèrent l'appartenance culturelle comme un « bien primordial » et nécessaire à la poursuite de ses objectifs, en ajoutant qu'il existe un lien profond entre le respect de soi d'une personne et le respect accordé au groupe culturel dont elle fait partie (Kymlicka, 1989). Néanmoins, il y a des limites à sa mise en œuvre dans la société car l'Etat démocratique se heurte à des difficultés : la démocratie doit-elle garantir des droits à chaque communauté ou bien doit-elle aller plutôt du côté d'une homogénéisation de la société ? (Taylor, 1994). Pire, le multiculturalisme se heurte à des dangers car cela peut conduire à une distanciation des groupes culturels et à la fragmentation du corps des citoyens (Martiniello, 2011).

Étant une réelle problématique sociale, ce thème inspire le cinéma depuis des années en s'appuyant sur les tensions sociales dans un groupe au sein duquel cohabitent des minorités culturelles différentes. Les écueils qui lui sont liés peuvent particulièrement se voir dans le domaine de l'éducation, quand des élèves issus de cultures différentes se retrouvent dans une même classe sans culture commune, chaque élève ayant des origines culturelles diverses et variées. Parmi ces films, nous pouvons prendre l'exemple du téléfilm dramatique français Fracture (Tasma, 2011) diffusé pour la première fois le 30 novembre 2010 sur France 2 et qui traite d'une jeune professeure d'Histoire-géographie, Anna Doblinsky, de confession juive, faisant sa première rentrée dans un collège à Certigny, une commune de Seine Saint-Denis, dans un quartier dit « sensible ». Une scène nous décrit un conflit entre la professeure et les élèves sur le débat de la religion. Les élèves disent avoir appris qu'elle était juive, tandis que certains prétendent que l'athéisme est insensé car cela signifie qu’ « Allah n'existe pas », ou encore certains disent que les enfants en Palestine persécutés par le peuple d'Israël sont « des Anne Frank en moins chiant ». Ici, le choc des cultures résulte des différents points de vue sur des faits historiques ou des réalités sociales qui engendrent des incompréhensions, voire un manque de tolérance.

Dans le film dramatique américain Freedom Writers [Écrire pour exister]  (LaGravenese, 2007), Erin Gruwell, jeune professeure d'anglais de 25 ans, a choisi comme premier poste un lycée difficile de Long Beach à Los Angeles, un des quartiers les plus violents de la West Coast, aux surlendemains des émeutes raciales qui sont survenues en Californie (1992). Dans un contexte multiculturel, des élèves ont caricaturé un élève noir en le dessinant avec des traits grossiers, ainsi qu'une grosse bouche. La professeure est tombée sur celui-ci, et a tenté de donner une leçon à ses élèves. Elle leur dit que ce dessin à une autre époque caricaturait un juif, en assurant que les juifs et les noirs étaient des êtres inférieurs. La professeure tente alors une question pour savoir si la vie serait mieux pour ses élèves sans des gens issus d'autres cultures dans leur entourage. Tous répondirent oui sans hésiter. Plus tard, dans ce même film, la professeure fait un « jeu » : tous les élèves concernés par les questions qu'elle pose doivent avancer sur une ligne (les questions vont des goûts musicaux à savoir combien d'êtres chers ces élèves ont perdus lors de guerres de gang). Lors de cette séquence, le jeu permet de montrer que dans leur différences ils ont beaucoup de points communs. Par ailleurs, elle leur fait écrire un journal à chacun afin qu’ils puissent tous parler de leur histoire personnelle. Ainsi, sous cet angle, le cinéma nous montre un multiculturalisme sur un modèle qui n’est pas assimilationniste: favoriser la bonne-entente et la solidarité entre des gens de différentes cultures sans omettre pour autant l’individualité et la singularité qui les caractérisent. Dès lors que cet équilibre est respecté, l’Amérique et son cinéma revendiquent le multiculturalisme que Michel Wieviorka qualifie d’éclaté et politiquement correct.

Filmographie
  • Tasma, A. (Réalisateur), (2010). Fracture (2010) [Film]. Chaz Productions.

  • Richard, L. (Réalisateur), (2007). Freedom Writers [Ecrire pour Exister]. (2007) [Film]. MTV Films et Paramount Pictures.

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Références bibliographiques 

Fracture (Tasma, 2011)

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