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Stéréotype
 

par Laurence SAINTE-ROSE (mai 2022)

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Bande-annonce de "Nadie sabe que estoy aquí" (2020)

Bande-annonce de Les Figures de l'ombre (2016)

C’est Walter Lippman (1889-1974), journaliste américain et commentateur politique qui en 1922 dans son ouvrage Public opinion [L’opinion politique] parle pour la première fois de stéréotype, pour qualifier des images mentales ancrées, résistant à tout changement sociale.

 

À ce jour, dans le dictionnaire Larousse un stéréotype est « une caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine. » (référence, page)

 

En sociologie, un stéréotype est « Une idée, une opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe et qui détermine à un degré plus au moins élevé ses manières de penser de sentir et d’agir. » (référence)

 

L’usage de préjugés et de clichés est incontournable. Par conséquent, les stéréotypes sont des outils pratiques qui permettent aisément de se représenter le monde dans lequel on vit. Ils sont donc une simplification de la réalité qu’on a perçue ou qu’on nous inculque.

 

Dans le film Chilien de Gaspar Antillo, Nadie sabe que estoy aquí (2020) figure une étoile de pop adolescente qui prêtait sa voix dans les années 90 à un jeune homme dont le physique s’accommodait davantage au canon de la célébrité de l’époque dans sa représentation physique. Afin de marquer le trait de cette injustice Gaspar Antillo polarise les représentations de la célébrité avec une célébrité qui est un véritable stéréotype et cliché de la « fan attitude » des années 90, telle que portée par le producteur de cette voix et éventuellement le père de l’artiste usurpé. La grossophobie est ainsi dénoncée dans le monde du show business. 

Les stéréotypes apparaissent au cinéma de manière figurée autant que figurative. Ainsi Jean-Michel Denizart a prêté attention aux stéréotypes sonores et aux dialectiques de répétition/différenciation permettant au spectateur d’identifier génériquement les films, notamment via le montage sonore.

 

Par ailleurs le cinéma tend à singulariser les récits sur la construction de « contre-stéréotypes », c’est-à-dire de toutes les formes de constructions contraires à l’universalisation hiérarchique acceptée majoritairement par la société, comme les « stéréotypes de genre » , qui sont des représentations sous différents aspects, physique, relationnels, réflexifs, perceptifs, professionnels des genres identifiés comme "représentables" aux yeux d'une société donnée  (Monferrer, Mut Camacho et Fernández Fernández).

 

Le cinéma reste donc un art friand de la représentation des contre-stéréotypes, sur le principe de la mise en scène des stéréotypes de genre, de classe, de race et autres. Les exemples sont nombreux. La représentation des femmes noires à l'écran interpelle tout particulièrement dans Les Figures de l'ombre, qui vient rendre hommage à trois mathématiciennes et ingénieures ayant oeuvré pour la NASA à nue période de l'histoire des États-Unis d'Amérique, où règnait encore la discrimination sexuelle et la ségregation raciale  

 

 

 

Références bibliographiques :
  • Denizart, J. M. (2018). L’influence du cadre institutionnel et des stéréotypes sonores sur le montage son d’un film de fiction. Études de communication, 51, 173‑188. URL : http://journals.openedition.org/edc/8252 ; DOI : https://doi.org/10.4000/edc.8252

  • Lippman

  • Larrousse

  • Bernad Monferrer, E., Mut Camacho, M., & Fernández Fernández, C. (2013). Estereotipos y contraestereotipos del papel de la mujer en la Gran Guerra. Experiencias femeninas y su reflejo en el cine. Historia y Comunicación Social, 18(0).

Références filmographiques
  • Antillo G. (Réalisateur). (2021). Nadie sabe que estoy aquí [Film]. Fábula.

  • Melfi  T. (Réalisateur). (2016). Hidden Figures [Les figures de l'ombre] [Film]. Fox 2000 Pictures.

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