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Interculturalité

Bien que le dictionnaire Larousse considère la notion d'interculturalité encore floue (Larousse, s. d.)  celle-ci renvoie à un échange réciproque entre les cultures en coprésence et à l’ensemble des interactions entre ces cultures. 

Dans sa définition, l’UNESCO reprend les mêmes notions d’interaction et de partage et postule que l'interculturalité renvoie à l’existence et à l’interaction équitable de diverses cultures ainsi qu’à la possibilité de générer des expressions culturelles partagées par le dialogue et le respect mutuel (UNESCO, s. d.). 

L'interculturalité ne relève pas de l’imposition d’une culture à une autre, ou de la domination d’une culture par une autre mais encourage plutôt le dialogue entre les cultures en coprésence, l’échange respectueux des visions du monde de chacune d’entre elles, et la valorisation d’un mode de pensée pluraliste, tout en développant d’un système de valeurs communes à travers le « dialogue interculturel » (UniR-association, n.d.).

Face à une société en mouvement, à la densité démographique évolutive et à la mondialisation, l’informationnel-mondial notamment, la notion d’interculturel ne peut être dissociée du multiculturel et du transculturel, Jacques Demorgon évoque  “l’antagonisme adaptatif” qui rend la dichotomie multiculturel/ transculturel obsolète. Selon lui, l'antagonisme ternaire, multiculturel/interculturel/transculturel est un procédé à prendre en compte par rapport à la complexité du réel dans laquelle nous devons être capables de vivre et d'agir ensemble (Demorgon, 2005).

Jennifer kerzil (2002) constate que depuis 1970 l’école essaie par ces programmes d’inculquer un certains nombres de valeurs parmi lesquelles le respect de la différence et l’ouverture à l’altérité, mais les résultats restent insatisfaisants. En effet, pour Demorgon cette défaillance est due à l’absence de l’interité, reprenant le terme de Louis Couturat (Mathématicien, philosophe et linguiste (1868-1914), qui devra s’ajouter au classique oxymore identité/altérité pour constituer un nouvel antagonisme ternaire. L’interité est cet espace où s'opère la rencontre culturelle, où les différentes cultures restent en contact ou en conflit ce qui permet de décrire, de comparer et de comprendre les différentes cultures pour pouvoir poser les vrais problèmes qui empêchent l’altérité. (Demorgon, 2005)

La notion de "rencontre interculturelle” telle que représentée à travers le cinéma a été pensée par Paola Rivieccio dans une analyse du film italien de Gabriele Salvatore Io non ho paura [L’été où j’ai grandi] qui évoque la rencontre de deux enfants, l’un du sud et l’autre du nord de l’Italie, régions très différentes non seulement d’un point de vue culturel mais aussi langagier. La rencontre entre ces deux enfants protagonistes rend le film, selon Rivieccio, « intéressant pour une exploitation dans le cadre d’une éducation interculturelle » (2015). La rencontre explore différentes étaês de cette éducation: la connaissance, la négation, la curiosité, l’empathie, et l’acceptation. 

D’autres films exploitent la thématique de la rencontre interculturelle dans un cadre transnational. L'interculturalité peut alors devenir plus complexe de par les plus grands écarts linguistiques ou culturels qui se créent. Le film mexicain La Jaula de Oro [Rêve d'or] (Diego Quemada-Díez, 2013) représente la vie de trois adolescents qui décident de traverser le Mexique en quête du rêve américain. La rencontre de l’Autre prend une place importante dans le film notamment à travers la figure de Chauk, un jeune amérindien guatémaltèque qui ne parle pas castillan et qui doit survivre dans un milieu hostile. Sara, une autre jeune migrante, s'efforce de montrer en essayant d’apprendre sa langue, qu’au-delà des différences il est possible de s’entendre. Au cours d’un premier échange intime, Sara et Chauk communiquent sans utiliser la même langue par les gestes et la répétition de mots dans les deux langues (castillan et tzotzil, langue amérindienne parlée par plus d’un demi-million de personnes dans l’État du Chiapas, et variante du maya) (Tzotzil | Ethnologue Free, n.d.)

En 2013, deux réalisatrices françaises, Catherine Portaluppi et Estelle Fenech réalisent le Webdocumentaire Photo de classe avec des enfants issus de l’immigration. Dans une classe où cohabitent 20 nationalités différentes, une enseignante part à la recherche des traces que l’immigration de leurs parents a pu laisser sur ses élèves. C’est une occasion unique de pouvoir faire vivre à ces enfants une véritable éducation interculturelle, où chacun pourra faire découvrir aux autres ce qui fait la spécificité de son pays d’origine, sa langue, sa cuisine et ses vêtements, ses coutumes et ses fêtes tout autant que les péculiarités de son parcours. Bien que ce documentaire aborde plus le thème de la diversité, mais il reste comme une expérience ambitieuse qui valorise des formes de dialogue pédagogique entre les élèves qui ont de différentes origines et cultures.

BIBLIOGRAPHIE

Par Lahoucine ID BOUHOUCHE (mai 2023)

Io non ho paura [L'été où j'ai grandi] (Gabriele Salvatore, 2003)

La jaula de oro (Diego Quemada-Díez, 2003)

Bibliographie

 

Filmographie
  • Chou, D. (Réalisateur). (2023). Retour à Séoul (Film). Charlotte Vincent et Katia Khazak.

  • Fenech, E., & Portaluppi, C. (Réalisatrices). (2013). Photo de classe (Webdocumentaire). France.

  • M’Bon, R., & Fanjul, J. (Directors). (2022). Je Suis Noires (Documentaire). Suisse.

  • Navaro, M. (Réalisatrice). (2017). Tesoros (Film). Mexique.

  • Quemada-Díez, D. (Réalisateur). (2013). La jaula de oro [Rêve d'or] (Film). Animal de Luz Films & Machete Producciones.

  • Salvatore, G. (Director). (2003). Io non ho paura [L'été où j'ai grandi] (Film). Marco Chimenz
    Giovanni Stabilini, Maurizio Totti et Riccardo Tozzi.

Bande-annonce de ? (1996)

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